Le sarcoïde est l’une des tumeurs cutanées les plus fréquentes chez les chevaux. Bien que bénigne (c’est-à-dire qu’elle ne fait pas de métastases), cette lésion cutanée peut s’avérer gênante, voire problématique, selon son emplacement et sa forme. En fait, il s’agit d’une prolifération anormale de tissus fibroblastiques qui se manifeste en nodules, plaques ou excroissances sur la peau, souvent sans douleur apparente ni prurit. Ces lésions peuvent rester stables pendant des années, évoluer lentement ou, dans certains cas, changer de forme ou s’ulcérer.
Localisations et apparences
Les sarcoïdes peuvent apparaître un peu partout sur le corps : tête, encolure, membres, ventre, région génitale, etc. Leur aspect varie fortement selon le type :
- Occlus/plats : lésions discrètes, aplaties, souvent pigmentées ou légèrement épaissies.
- Verruqueux : ressemblance à une verrue (surface en chou-fleur), rugueux et irrégulier.
- Nodulaire : des masses fermes, parfois sous la peau, pouvant être recouvertes de peau normale ou ulcérée.
- Fibroblastique : formes plus agressives, pouvant croître rapidement, ulcérer ou saigner.
- Mixte : combinaison de caractéristiques de plusieurs types.
- Maligne (rare) : infiltration plus étendue, parfois propagation locale via les vaisseaux lymphatiques.
- Même si les sarcoïdes ne se propagent pas vers des organes internes, ils peuvent être localement invasifs, gêner l’équipement (selle, harnachement), saigner ou s’infecter.
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Causes et facteurs de risque
Plusieurs causes peuvent provoquer les sarcoïdes chez le cheval. Parmi les plus fréquentes, on distingue les causes ci-après.
Infection virale
Le principal suspect est le papillomavirus bovin (BPV, types 1 ou 2), dont l’ADN est fréquemment retrouvé dans les tissus des sarcoïdes. Toutefois, la simple présence du virus ne suffit pas : de nombreux chevaux porteurs du BPV ne développent jamais de sarcoïdes. On suppose que le virus gagne l’organisme via des lésions de la peau (plaies, morsures, piqûres d’insectes), qui facilitent son entrée dans les tissus.
Prédisposition génétique
Tous les chevaux ne réagissent pas de la même façon à ce virus : certaines races semblent plus vulnérables, ce qui suggère une composante héréditaire ou immunitaire. De plus, des antécédents de traumatisme cutané (cicatrices, frottements répétés) constituent des zones à risque pour le développement ou la transformation de lésions.
Autres facteurs favorisants
Un système immunitaire affaibli, des inflammations répétées ou des zones de friction mécanique sur la peau peuvent contribuer à l’installation ou à l’évolution des sarcoïdes.
Contagion : est-ce transmissible ?
La contagion des sarcoïdes équins reste un sujet délicat. Le virus papillomateux peut se transmettre via un contact direct, du matériel contaminé (ustensiles, outils de pansage) ou via des insectes piqueurs qui servent de vecteurs. Toutefois, même dans un contexte virulent, l’apparition d’un sarcoïde dépendra aussi de la susceptibilité de l’animal infecté. En pratique, certains chevaux restent indemnes malgré une exposition au virus, tandis que d’autres développent la maladie.
Diagnostic des sarcoïdes chez le cheval
Le vétérinaire commence généralement par un examen clinique : observation, palpation des lésions, révision de l’historique de l’animal. Pour confirmer qu’il s’agit bien d’un sarcoïde et exclure d’autres affections cutanées (kystes, verrues, mélanomes, dermites d’insectes), une biopsie ou une cytoponction peut être réalisée.
Cependant, cette approche comporte un risque ; le traumatisme peut stimuler la croissance ou la propagation locale de la lésion. Dans certains cas, le diagnostic est posé uniquement sur la base de l’apparence clinique, sans biopsie.
Traitements des sarcoïdes : quelles sont les options ?
Il n’existe pas de traitement universel efficace à 100 %, et les récidives sont fréquentes. Le choix dépendra du type de sarcoïde, de sa localisation, de sa taille, du budget et de la sensibilité de l’animal.
Options chirurgicales et physiques
En matière de sarcoïdes, les options chirurgicales et physiques sont généralement les plus envisagées :
- Excision chirurgicale : retirer la lésion entière ou partiellement. Mais le taux de récidive est élevé, parfois jusqu’à la moitié des cas.
- Laser : permet une ablation plus ciblée, avec moins de saignement.
- Cryothérapie : utiliser le froid pour détruire les cellules tumorales superficielles.
Immunothérapie
L’injection locale de BCG (Bacille de Calmette-Guérin) est une technique utilisée pour stimuler la réponse immunitaire du cheval contre la tumeur. Elle est souvent envisagée pour des lésions situées près de l’œil, où les interventions chirurgicales sont risquées. L’effet peut prendre plusieurs semaines à plusieurs mois.
Chimiothérapie locale
Certains agents cytotoxiques (cisplatine, mitomycine C, etc.) peuvent être injectés ou appliqués en crème directement sur la tumeur. Leur usage exige prudence, car ils peuvent endommager les tissus sains autour.
En somme, les sarcoïdes équins représentent une affection cutanée complexe, au carrefour de la biologie virale, de la réponse immunitaire et de la génétique. Bien qu’ils ne soient pas directement dangereux pour la vie de l’animal, ils sont à prendre au sérieux, parce qu’ils peuvent poser des défis thérapeutiques et nuire à son confort ou à son utilisation.



